La biodiversité au bout de la corde

Depuis la nuit des temps, l'homme a toujours voulu s'élever (tour de Babel),

et que ce soit par défi ou pour se sentir puissant, il s'est vite lancé à la conquête des sommets (Everest 1953)

Depuis 1890, l'escalade est pratiqué en tant que loisir. La compétition est gérée par la Fédération Française de montagne et d'escalade fondée en 1945 et qui compte aujourd'hui 93 000 licenciés. Devenue accessible au plus grand nombre, cette activité a-t-elle un impact sur l'environnement ? Pour en savoir plus j'ai rencontré un spécialiste : Emmanuel Crepeau, diplômé d'un Brevet d’État Escalade et de Guide de Haute Montagne.

 

Au 19è siècle, les premiers adeptes de l'escalade ont pour objectif d'acquérir les techniques de grimpe et d'apprivoiser le rocher. Pour cela pas besoin de hauteur, ils s'entrainent sur des blocs avec pour finalité de parvenir à grimper et marcher sur les montagnes. Rapidement le matériel se développe pour garantir la sécurité des sportifs qui atteignent l'altitude : cordes, mousquetons, baudriers, système d'assurage... Avec la hauteur, de nouvelles sensations font leur apparition, plus ou moins fortes selon l'engagement et la témérité de chacun.

 

Plusieurs méthodes de grimpe permettent de diversifier les émotions : la moulinette depuis le haut de la falaise (un grimpeur + un assureur de confiance), la grimpe en tête (le grimpeur n'est pas tenu du haut de la falaise) ou encore l'escalade en solo intégral (aucun système de sécurité). L'adrénaline est au centre de la pratique, elle aide souvent à vaincre ses peurs, entraine à vouloir aller toujours plus haut, à développer ses capacités physiques et à ne faire plus qu'un avec la falaise.

 

Il y a aussi un impact au niveau de la flore car les grimpeurs transpirent. La sueur se dépose sur la falaise, et son acidité attaque ou tue les plantes. La falaise est également ornée d'attaches pour accrocher les cordes. Celles-ci rouillent à la pluie ce qui peut endommager la flore. Les plantes concernées sont le lichen, le buis, le sédum... Le buis est une espèce qui pousse lentement et qui est sensible aux modifications de son environnement. L'équilibre de cet arbre, qui fait parti des plus vieux de France, est menacé par la pratique de ce sport. Il faut ajouter à cela que le fait de grimper souvent au même endroit polit la roche, ce qui accentue le phénomène d'érosion et donc accélère le cycle de vie de la falaise.

 

En conclusion, les loisirs proposés dans le milieu naturel, comme l'escalade, ne sont pas sans conséquence sur l'environnement. C'est pourquoi chaque personne doit pouvoir le pratiquer en tout conscience, sans bouleverser l'ordre naturel.

 

Si l'escalade est un plaisir, ce sport peut néanmoins poser des problèmes au niveau environnemental, donc à la faune et à la flore. La falaise qui est un jeu pour nous est un lieu de vie pour les espèces rupicoles qui y nichent. Si l'on gêne l'espèce, souvent elle fuit et peut aller jusqu'à abandonner nid et petits.. C'est pourquoi pendant la période de nidification, les grimpeurs ont des interdictions de pratique sur certains côtés de falaise. Les oiseaux les plus impactés sont le tichodrome échelette, le vautour fauve, le faucon, l'hirondelle, le chocard à bec jaune... En effet, par instinct animal, ces oiseaux se sentent en danger quand l'homme est trop proche. S'il se trouve au dessus d'eux, ils penseront qu'ils ont affaire à un prédateur. C'est pourquoi il faut respecter les distances et les règles animales afin de préserver les espaces de nidification et la quiétude des falaises.

 

 

Arnaud Giroud

Mai 2016